Le 3 avril dernier, dans le cadre de l’événement “Jour E”, Magali Payen, fondatrice d’Imagine 2050 et Juliette Vigoureux, co-fondatrice du collectif CUT! (Cinéma Uni pour la Transition), une association ayant pour mission de mettre en avant les initiatives à impact qui existent dans l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel, ont été invitées pour parler des nouveaux récits sur le plateau de Bpifrance à Lille. Ensemble, elles cherchent à mobiliser cette industrie pour intégrer les enjeux écologiques et sociaux dans les récits proposés au public. Parce que le cinéma peut induire une bascule culturelle sans précédent, nous avons besoin de vous, de toutes celles et ceux qui œuvrent devant ou derrière la caméra.
Le cinéma, un outil de soft power pour la transition écologique
A l’occasion de la 78è édition du Festival de Cannes, nous voulons vous rappeler, professionnels du cinéma et de l’audiovisuel, que votre rôle s'étend au-delà de divertir le public. Vous pouvez contribuer à faire évoluer les comportements et les modes de vie en intégrant les enjeux écologiques et sociaux dans vos productions. Et vous, cinéphiles, qui façonnez en salle ou devant votre écran le succès des œuvres, vos choix influencent aussi les actions de demain.


Marie-Léa Higoa, chargée de mission French touch Capital de Bpifrance, Juliette Vigoureux, co-fondatrice de CUT!, et Magali Payen, fondatrice de Imagine 2050
D’une manière générale, les récits - cinématographiques ou autres - façonnent l’opinion et influencent nos comportements. CUT! et Imagine 2050 se donnent pour objectif de donner visibilité et lisibilité aux initiatives existantes et d’accompagner la création de nouveaux récits inspirants sur le grand écran. L’ambition de Juliette Vigoureux et de Magali Payen est de fédérer tous les professionnels du cinéma, réalisateurs, producteurs, scénaristes, interprètes, et de les accompagner vers des productions qui intègrent mieux les représentations d’une écologie désirable.
Juliette Vigoureux souligne que l’idée de 'nouveaux récits' repose sur notre capacité collective à catalyser le changement sociétal. Nous vivons dans une époque où l’on prend conscience que les modèles que l’on croyait bénéfiques - sur les plans social, économique ou écologique - arrivent aujourd’hui à leur terme. Réinventer la société implique donc de réécrire les histoires que nous racontons, en intégrant des imaginaires plus écologiques, plus soutenables, des imaginaires en accord avec notre réel.
Nous sommes dans un rapport de fiction à fiction, des fictions prodiguées par de nombreux décideurs et industries qui façonnent les informations à leur avantage. C’est donc à nous, professionnels de la culture et du cinéma, de reprendre la main sur les récits, de prendre pleinement possession de cette responsabilité, de proposer puis de diffuser une vision de nos sociétés plus juste. De fédérer des récits puissants, capables de provoquer une bascule émotionnelle et culturelle. Car si la vérité est aujourd’hui brouillée, alors le rôle de la culture devient d’autant plus crucial : celui de réinventer le réel à travers des histoires qui questionnent, éveillent et orientent.
La bataille culturelle précède la bataille dans les urnes
Pour Juliette Vigoureux, le cinéma a le pouvoir de précéder les décisions politiques en opérant un basculement narratif.
L'Accord de Paris, qui porte les ambitions internationales de lutte contre le changement climatique, ainsi que le GIEC reconnaissent que les industries culturelles possèdent un rôle politique fondamental et doivent l’assumer en faisant œuvre de pédagogie.
Mais, comment sensibiliser et accompagner tous les acteurs de la chaîne de valeur audiovisuelle sur ces sujets de nouveaux récits ?
Le point de départ, selon Magali Payen, est de se former. Il est primordial que “tout le monde prenne conscience de la gravité et de l’urgence de la situation”. La formation et la bascule sont nécessaires sur l’ensemble de la vie du film. Ne parler qu’aux auteurs n’est pas suffisant, il faut former et sensibiliser tous les maillons de la chaîne de création audiovisuelle : il faut que toute l’industrie bascule !
Révéler les problèmes environnementaux n’est pas réservé qu'à la production documentaire. L’écologie concerne tous les genres cinématographiques !
Pour être plus claire, Juliette Vigoureux explique que les nouveaux récits n’impliquent pas du tout un lissage de la créativité. “Parler d’écologie au cinéma ne signifie pas se limiter à des films à thèse”. Parler du bouleversement écologique peut, par exemple, consister à exposer certains modèles de réussite, ou certaines quêtes des personnages. L’écologie peut être en filigrane, en toile de fond, qu'il s'agisse d’une intrigue policière ou amoureuse. L’écologie n’est pas un genre, c’est un narratif possible pour tous les récits.
Se former aux différentes thématiques de l’écologie (climat, biodiversité, alimentation, transports, énergie, justice sociale…) ne vient pas brider la création mais, au contraire, donne un nouvel espace de jeu, dans un cadre en phase avec notre époque.
À vous de jouer !
Pour ce faire, Imagine 2050 collabore avec CUT!, Cinéma Uni pour la Transition, en offrant des tremplins pour se lancer dans des productions à impact. Dans son catalogue de formations dédiées aux professionnels du cinéma, Imagine 2050 propose une résidence d’écriture de trois jours pour former des artistes, des influenceurs, dans la nature, aux côtés d’experts et activistes. Il s’agit d’éduquer ces créateurs, et de les outiller pour parler d’un sujet extrêmement important, mais qui a tendance à braquer, au vu de son urgence. Alors, Imagine 2050 aide ces créateurs à développer des arches narratives autour de la protection de la biodiversité par exemple, challenge des idées, apporte des contenus d’expertise et bien plus encore.
On leur fait vivre une expérience avec la tête, le cœur et le corps et à la fin de cette résidence, on a des résultats assez bouleversants. (Magali Payen)
Imagine 2050 propose également des ateliers de design fiction pour aider les auteurs à se projeter dans une histoire ou dans l’avenir, ainsi que des conférences lors de festivals, pour les sensibiliser sur les enjeux du cinéma dans l’action environnementale.
Imagine 2050 collabore par ailleurs avec Écoprod - l’association de référence pour des pratiques écologiques et durables dans l’industrie audiovisuelle - qui va très prochainement publier son guide à destination des scénaristes. Le but étant de soutenir les auteurs dans l'écriture de films et séries, avec le plus faible impact négatif sur l'environnement, et de penser la façon dont il serait possible d’avoir un impact positif sur la culture.
Ne pas jouer sur la peur est un des maîtres mots de ces formations. Imagine 2050 et CUT! souhaitent faire émerger de nouveaux imaginaires loin des discours anxiogènes et dystopiques. Bien qu’importante, la peur constitue souvent un frein au passage à l'action. Sur ce sujet, Magali Payen ajoute que les scénaristes “ont tellement peur de ce qui est en train de se passer en termes d’effondrement climatique que ça les dépasse. Il faut donc accompagner psychologiquement ces gens pour que cette peur - qui est nécessaire - ne les empêche pas de diffuser les bons messages”.
La fondatrice d’Imagine 2050 appuie sur la nécessité de se former, d’un point de vue scientifique, et donc d’acquérir la conscience la plus aiguë sur ces sujets, que l’on soit scénariste, décideur dans une chaîne de télévision, ou plus globalement dirigeant dans une entreprise. Une fois formées, les personnes n’ont plus le sentiment de subir une ingérence, car les actions émanent alors d’elles-mêmes. "Lorsque l’on acquiert cette conscience, ce sentiment d’urgence, et qu'on cherche à aligner cela dans son travail, on se sent à sa place."
La transition écologique est avant tout une transition culturelle. Et, il vous appartient, acteurs, réalisateurs, producteurs, scénaristes, ou diffuseurs, d’en faire partie.
Pour plonger plus en détail dans ce sujet, regardez la vidéo de l’intervention de Juliette Vigoureux et Magali Payen sur le thème “Où le cinéma porte et incarne un autre rapport au vivant”. Une table ronde animée par Marie-Léa Higoa, chargée de mission French touch Capital de Bpifrance, lors du Jour E à Lille, une journée consacrée aux enjeux environnementaux dans le monde de l’entreprise.
Se former aux nouveaux récits
Si vous êtes scénariste, acteur, auteur, réalisateur, professionnel de la communication ou de la RSE, découvrez nos accompagnements pour construire au mieux les nouvelles inspirations du monde de demain.
Si vous désirez vous former en ligne au pouvoir des récits, participez au tronc commun de notre MOOC Imagine 2050, une formation engageante et ludique expliquant la place des nouveaux imaginaires dans l’évolution qu’impose la crise environnementale.
La spécialité professionnelle “Récits de fiction” de notre MOOC Imagine 2050 sortira à l’été 2025, de même que la spécialité “Récits de marque”. Inscrivez-vous sur ce formulaire pour être alerté lors de la mise en ligne de ces nouveaux modules de formation.
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