Récits anti-démocratiques et climato-sceptiques en pleine ascension
Elon Musk est soutenu en Europe par des partis d'extrême droite, dont certains sont déjà au pouvoir, comme Viktor Orbán en Hongrie ou Giorgia Meloni en Italie. Le milliardaire soutient aussi publiquement le parti nationaliste AfD en Allemagne, qui a réalisé une percée historique lors des élections fédérales anticipées de février 2025.
Or, le fait que la société se numérise rapidement offre un poids fort aux outils de communication. Les citoyens ont à la fois un sentiment communautaire renforcé, mais également l’impression d’avoir moins de pouvoir d’action. C’est sur cette idée là que les populistes exploitent la peur et les incertitudes et polarisent davantage la société, remettant notamment en cause les institutions démocratiques. Cette désinformation trouve une résonance particulière dans les programmes d'extrême droite.
Comme le note David Chavalarias, chercheur au CNRS et auteur de Toxic Data : Comment les réseaux manipulent nos opinions (éd. Champs, 2023), interviewé par Socialter : “Pendant la dernière campagne électorale aux États-Unis, Musk a mis en avant ses propres contenus et ceux de Donald Trump et de ses alliés. [...] Il y a donc bien un individu qui intervient directement, à l’échelle d’un réseau social, à des fins purement idéologiques.” Le contrôle des réseaux sociaux constitue un levier géopolitique majeur, observable lors de la campagne présidentielle américaine, où les publications d’Elon Musk et de ses alliés ont dominé l’espace médiatique, avec un volume de vues dépassant largement celui des publicités politiques traditionnelles.
En plus de menacer les piliers démocratiques, on peut aussi noter un renforcement des messages climato-sceptiques et un traitement favorisé des prises de paroles techno-solutionnistes. Selon l’association QuotaClimat, qui a lancé en novembre 2024 l’Observatoire des Médias sur l’écologie (OME), la couverture de l’écologie dans les médias d’extrême droite est trois fois moins importante que la moyenne globale des médias. Constat partagé concernant la désinformation climatique, puisque, selon la CAAD (Climate Action Against Disinformation), elle a triplé en 2022 sur des plateformes comme X. En Europe, des armées de bots pro-AfD sont utilisées pour influencer les débats publics, amplifiant les récits climato-sceptiques et populistes.
Dans un épisode de La Terre au Carré, sur France Inter, David Chavalarias revient sur le projet de Climate Tweetoscope (Climatoscope), qui révèle que, sur X, le discours sur le changement climatique s’est fortement polarisé, avec environ 30% de climato-dénialistes parmi les comptes qui abordent les questions climatiques. En plus de ce projet, une étude menée par le chercheur montre que l’utilisation des algorithmes à des fins géopolitiques, notamment sur X, est largement en cause dans la montée du climato-scepticisme.
Ce sont donc profondément les démocraties, mais également l’avenir climatique qui sont en danger. Les algorithmes de recommandation provoquent une désintégration sociale et permettent la prolifération des discours de haine, faute de modération. Des discours climato-sceptiques et techno-solutionnistes sont mis en avant par les algorithmes qui favorisent les publications d’Elon Musk ou celles de ses partisans, populistes ou d'extrême droite. Enfin, Elon Musk dispose aussi d’un pouvoir discrétionnaire pour sanctionner ou supprimer les contenus qui lui déplaisent.