À quoi servent les nouveaux récits ?
Les nouveaux imaginaires permettent de se projeter dans des scénarios d’avenir pour, une fois dans le présent, développer les solutions les plus adaptées à la crise environnementale. Un nouveau récit est l’histoire qui donne vie à cet imaginaire, le rend visible et concret.
Aujourd’hui, trois grands scénarios prospectifs permettent d'entrevoir à quoi ressemblera notre future société. Celui du “Business as usual”, c'est-à-dire on continue dans la même direction, on ne change rien dans nos modes de vie. Celui dans lequel la technologie peut nous sauver, autrement appelé le “Techno-solutionnisme”, un scénario qui est actuellement en train de s’imposer. Et le scénario souhaitable pour maintenir l’habitabilité de notre planète, celui de la “Sobriété”. Les deux premiers scénarios présentent de nombreuses limites physiques, politiques, techniques, économiques et autres, et les experts et scientifiques doutent de leur viabilité. Concrètement, développer une culture des sobriétés apparaît comme notre seul recours face aux crises environnementales et sociales. C’est là que les nouveaux récits entrent en jeu. Aujourd’hui, notre modèle sociétal et culturel rend les comportements plus sobres effrayants, inacceptables ou impensables. Dans son intervention, Olivier Covo, cofondateur du label Mangrove Music, définit comme “l’algorithmisation de la pensée”, un enfermement intellectuel qui nous empêche de penser autrement que dans les cadres déjà normalisés et nous fait tourner en rond. Il devient difficile d’imaginer le monde autrement que comme celui qui a été normalisé. Il y a donc un immense enjeu pour le cinéma, les industries créatives et culturelles, mais aussi pour les entreprises et les décideurs politiques : celui de nous faire désirer une société plus sobre. De nous montrer à quoi elle pourrait ressembler, non pas comme un sacrifice, mais comme un mode de vie plus heureux, plus sain, plus juste et plus durable.