L’éco-production de BAKELITE a-t-elle représenté un défi majeur pour vous, directeur de la photographie ?
L’éco-production n’est pas quelque chose de nouveau, et au sein de l’AFC (Association française des directrices et directeurs de la photographie cinématographique), nous prenons à cœur et très au sérieux les recommandations de nos collègues qui ont créé ce label. Il est du devoir de toutes et tous, dans n’importe quel secteur, de s'engager à produire et à consommer de façon plus éco-responsable. On doit travailler non seulement à réduire autant que possible nos empreintes carbone, mais aussi à produire de façon plus responsable et sociale. Ecoprod a mis en place un service de conseils et des modes opératoires aidant les productions à aller dans ce sens. Ça ne s’arrête pas à remplacer les voyages en avion par des modes de transport moins polluants. Cela affecte notre façon de manger (moins de viande, privilégier les circuits courts, produits de saison, pas de déchets), vivre ensemble (le respect, l’égalité, la parité, l’écoute), le rythme de travail (en évitant la frénésie pour produire plus, moins cher, plus vite…), le choix du matériel (le moins polluant et plus durable), l’utilisation des choses existantes, recycler, penser local, tenter d’utiliser les énergies renouvelables autant que possible... Le cinéma est une industrie polluante, et aujourd’hui il reste impossible d’être totalement neutre en carbone, mais cela vaut le coup d’essayer au maximum.
Il n’y a aucun recours aux effets spéciaux dans BAKELITE. Pourquoi ? Cela a-t-il amené des difficultés nouvelles ?
Tout le film a été entièrement réalisé sans effets numériques, Julie et Hortense y tenaient très fort. Elles en ont fait un principe. Méliès faisait rêver ses spectateurs il y a plus de 120 ans avec des effets spéciaux non numériques : la magie du cinéma vient de là. Nous montrons que nous pouvons encore faire rêver sans surenchère numérique. Ça implique bien sûr de réfléchir ensemble aux mécanismes, au découpage et au montage pour nous aider à faire cela. (Suite de l'échange après la vidéo du making of)